Part. 1
L’éveil oui, mais de quoi ?
La plupart des gens ne savent pas vraiment ce que signifie “l’éveil”. Ils pensent même, souvent, qu’ils sont éveillés puisqu’ils ne dorment pas, puisqu’ils pensent, ressentent, parlent et agissent, donc qu’ils fonctionnent (plus ou moins bien…) dans leur vie quotidienne. Il n’en est rien. Pour comprendre ce qu’est l’éveil, il s’agit tout d’abord de réaliser que, de façon ordinaire, nous sommes endormis à la réalité : d’une part parce que nous ne la voyons pas telle qu’elle est mais à travers différents voiles ou différents filtres qui obscurcissent notre conscience ; d’autre part parce que nous fonctionnons de manière mécanique, réactive et conditionnée : nous ne pensons, ressentons, parlons et agissons pas librement, mais selon l’éducation familiale, scolaire, philosophique, parfois religieuse que nous avons reçue, selon les traumatismes que nous avons peut-être subis, selon les expériences bonnes ou mauvaises que nous avons faites, selon notre tempérament, nos humeurs, nos traits de caractère. Tout ceci appartient à notre personnalité et ce n’est pas elle qu’il s’agit d’éveiller : la vie, en effet, se charge de développer (ou de brider) cette personnalité. L’éveil s’adresse à une autre instance en nous, notre esprit, et plus précisément le reflet de l’esprit en nous et que nous appelons notre “essence”. Considérant que l’être humain est un esprit incarné pour le temps d’une vie dans un corps physique, c’est à cet esprit que s’adresse l’éveil.
Nous disons que l’être humain est tripartite. Il est composé d’un centre physique en trois parties : un centre du mouvement qui lui permet de se mouvoir et de parler, un centre des instincts qui veille à sa survie comme dans le monde animal (manger, défendre son territoire, affirmer sa force, etc.) et d’un centre sexuel qui lui permet de se reproduire et d’être créatif.
Au niveau médian, il est composé d’un centre émotionnel qui lui permet d’avoir des émotions et des sentiments, et un centre intellectuel, siège de ses pensées. Ce niveau médian forme son psychisme.
Au niveau supérieur, il possède un esprit : cet esprit vit dans le monde qui lui correspond, le monde spirituel, mais il s’incarne partiellement dans une “essence spirituelle” dont elle est le reflet. C’est son psychisme qui permet à l’être humain de sortir des instincts de sa nature animale et terrestre pour incarner les qualités de sa nature supérieure et devenir ainsi pleinement humain. Le psychisme agit comme un filtre entre sa nature terrestre et sa nature spirituelle.
L’éveil, ce n’est pas ce qui permet de fortifier ou de développer encore plus les centres physiques et le psychisme qui forment notre personnalité. L’éveil, c’est ce qui permet à l’être humain non seulement d’être conscient de sa dimension spirituelle, donc de son esprit, mais aussi de vivre à partir de cet esprit ! L’esprit est constitué de substances ou de qualités particulières, avec lesquelles nous ne sommes pas naturellement en contact, bien qu’elles sommeillent au fond de nous. Nous ne sommes pas en contact parce qu’elles sont cachées par de nombreux voiles qu’il s’agira de lever, afin de nous éveiller à cet esprit auquel nous sommes endormis. Sommeil, endormi : telle est la situation habituelle de l’être humain, et c’est bien la raison pour laquelle il est question d’éveil ! Eveil à notre véritable nature, qui est spirituelle, et avec laquelle nous ne sommes pas ou plus en contact conscient.
Notions premières sur la conscience
Avant d’aborder les différentes pratiques proposées sur un chemin d’éveil, il s’agit donc de comprendre, d’une part, qu’il s’agit de l’éveil de l’être humain à lui-même, à sa véritable nature spirituelle, à sa propre conscience, d’autre part qu’il existe différentes formes d’énergie et qu’il s’agira d’éveiller de plus en plus sa propre énergie de conscience.
Ainsi, il existe une énergie mécanique qui donne du mouvement et fait bouger, une énergie de vie qui permet d’être vivant, une énergie psychique qui produit des pensées et des émotions, une énergie de conscience qui permet d’être conscient de tout ce qui précède : elle permet de remarquer qu’on pense, qu’on a une émotion, des sensations, qu’on bouge, etc. Il existe enfin une énergie spirituelle.
La différence est facile à faire entre l’énergie de vie et l’énergie de conscience. Quand vous êtes endormis, pas de conscience, mais vous êtes encore vivants. On ne peut pas confondre les énergies et l’une ne peut pas remplacer l’autre. L’énergie qui fait tourner les pensées est différente de celle qui fait prendre conscience qu’on est en train de penser. La conscience est un espace particulier, avec sa propre énergie. Elle existe par elle-même, même si on ne fait rien entrer dedans. Elle peut être un espace vide, mais elle est généralement pleine de toutes sortes de pensées, d’émotions et de sensations dont vous n’êtes pas conscients. En nous, tout se passe mécaniquement. De plus, notre conscience se réduit à l’endroit où nous nous concentrons, notre conscience se réduit à quelques pensées, quelques émotions, quelques sensations et c’est seulement quand celles-ci deviennent un peu plus fortes (trop chaud, mal au dos) que nous les remarquons. Le reste du temps, nous n’avons pas assez d’énergie de conscience pour ouvrir notre conscience et elle ne peut pas accueillir la grandeur de notre esprit parce qu’elle est pleine de petites choses ordinaires.
Quand vous êtes endormis, pas de conscience, mais vous êtes encore vivants.
Il est bon, cependant, de se rappeler que l’être humain peut avoir dans l’univers une fonction qu’il
L’observation de soi est le premier travail qui incombe à tout postulant sur un chemin spirituel. Celui qui s’engage sur ce chemin exprime par là sa volonté de changer. Or, on ne peut changer que ce qu’on a reconnu en soi et pour le reconnaître, il faut déjà l’avoir observé. Ce n’est pas une théorie psychologique ou abstraite : il s’agit de votre vécu quotidien, de vos attitudes face aux circonstances de votre vie d’instant en instant.
Grâce à l’observation, une partie de vous devient capable de se distancier de ce que fait, ressent, pense ou dit l’une des autres parties (fragment de la personnalité, petit moi), c’est-à-dire que vous ne vous prenez plus pour les attitudes physiques, émotionnelles ou intellectuelles que vous adoptez la plupart du temps tout à fait mécaniquement et inconsciemment. Selim Aïssel
_________________________________________________________________________________________________
Plus vous observez, plus l’espace de votre conscience s’agrandit
Le travail d’observation crée une situation tout à fait nouvelle. Au lieu d’être quelqu’un dont l’énergie de conscience est utilisée de façon mécanique, vous commencez à utiliser volontairement et consciemment cette énergie en observant comment vous fonctionnez au niveau physique, intellectuel, émotionnel. Plus vous devenez capables de vous observer, plus l’espace de votre conscience devient large au lieu de se focaliser sur une chose. Parce que vous produisez de plus en plus d’énergie de conscience par l’observation. Par cet entraînement, vous devenez capables d’observer de plus en plus de choses en vous et à l’extérieur, avec moins d’efforts et sans perdre d’énergie.
En observant comment vous fonctionnez, vous prenez peu à peu une certaine distance. Vous vous libérez de votre mécanicité et vous devenez libres de décider d’un autre comportement. Par exemple, quand vous voyez vos pensées stupides ou agressives, vous prenez de la distance et vous décidez de mettre une pensée intelligente ou amicale à la place. Vous créez ainsi un espace de conscience de plus en plus grand et, en même temps, vous videz votre conscience et votre cœur de l’influence de vos conditionnements habituels. Le plus important, étant l’observation directe et vivante, ici et maintenant. Donc il faut vraiment essayer de vider la conscience et d’être simplement présent, ici et maintenant. L’observation ne peut se faire que dans le réel. Après, c’est la réflexion, la pensée. Il faut le faire aussi, mais c’est une autre étape.