Part. 2
Quelques exercices issus des Ecoles de Sagesse
Faire un stop
Voilà pourquoi l’une des pratiques essentielles est ce que nous appelons : « l’exercice du stop ». Il s’agit de faire intérieurement un stop le plus souvent possible dans la journée. Vous pouvez même le faire extérieurement si vous êtes seuls quelque part ou si personne ne le remarque. Vous pouvez par exemple décider de faire un stop chaque fois que vous entendez un oiseau chanter ou que vous passez le seuil d’une porte, etc.
Grâce au “stop”, vous apprendrez à vous connaître réellement : vous observez les pensées qui ne font pas ce stop et qui continuent à tourner en vous, vous observez l’émotion, l’humeur, l’ambiance intérieure qui vous habitent à cet instant, les sensations de votre corps physique : chaud, froid, mal au dos, faim, etc. Vous regardez comment vous respirez, comment vous évitez ou recherchez le contact visuel avec les autres, comment vous vous tenez : tendu ou détendu, courbé ou droit, regard vers le sol comme les animaux ou à l’horizon comme un être humain, etc. Vous observez la réalité de votre être.
Ensuite, vous pouvez décider d’être totalement humain et d’entrer en relation avec les autres par le regard, le sourire, la bienveillance. Vous pouvez décider de vous redresser, de vous détendre, d’entrer dans une respiration abdominale, etc.
Cet exercice est très intéressant pour approfondir l’observation de soi et l’attention consciente. Et il ne prend pas beaucoup de temps : quelques secondes !
Créer en soi l’observateur
L’observation et le stop offrent encore un autre avantage essentiel. En général, votre attention est constamment attirée par une chose ou une autre, vous êtes dispersés, votre énergie d’attention est constamment captée par l’extérieur. Vous devez devenir capables de décider à quoi vous êtes attentifs, sans vous laisser entraîner par les influences extérieures. Observez pendant votre journée à quel point votre attention est sans cesse captée sans que vous le décidiez vraiment. Lorsque vous êtes attentifs (un peu éveillés), vous ne vous laissez pas attirer à droite ou à gauche : vous décidez de l’intérieur si ce qui se passe mérite votre attention ou pas. Cultiver cette vigilance est essentielle, et c’est ainsi que vous créez et fortifiez ce que nous appelons “l’observateur” en vous.
L’observateur possède certaines qualités et répond à certains critères de l’observation juste. Il en existe sept, dont la plus importante est peut-être que l’observateur accueille tout ce qui se présente sans juger, sans critiquer, sans rejeter. La plupart des exercices d’éveil visent, en tout cas, à fortifier cet observateur en soi, afin de ne plus se perdre ni dans sa vie extérieure, ni dans sa vie mécanique et réactive à l’intérieur.
Les exercices d’éveil
Contrairement à ce que pensent la plupart des gens, l’éveil n’est pas un moment, mais un processus. On s’éveille progressivement à une chose puis à une autre dont on n’était pas conscient, jusqu’à ce que tous les voiles qui obscurcissaient la conscience (ou l’esprit) soient levés. Alors, un réel état d’éveil s’installe et l’on parle alors d’un “éveillé”. Certaines traditions parlent d’illumination : mais oui, puisque la lumière a pénétré dans l’obscurité de la conscience au fur et à mesure que les voiles étaient levés…
Ainsi, chaque exercice d’éveil est une étape sur le chemin de l’éveil. La pratique sérieuse et régulière de ces exercices conduit à l’éveil…
De tout temps, il a été proposé aux postulants à l’éveil des exercices particuliers, il en existe par conséquent des milliers ! Cependant, tout chemin spirituel authentique s’adapte à la contingence, c’est-à-dire aux personnes, à l’époque et au lieu (ou à la culture) où il est enseigné. Les exercices sont donc réactualisés en permanence, afin de correspondre à la réalité des personnes qui se proposent de les pratiquer. Cette notion de contingence explique pourquoi les enseignements de tel ou tel maître varient de façon parfois difficilement compréhensible pour une personne non avertie. Il ne s’agit ni de contradictions, ni d’incohérences, mais simplement de l’adaptation vivante à des personnes, des cultures et des époques différentes.
Encore une remarque : à l’évidence, la méditation est l’exercice d’éveil par excellence, mais elle fera l’objet d’article séparés.
Quelques exercices de base
Une remarque importante : il ne s’agit pas de réussir ces exercices, mais de les faire et de les refaire, avec persévérance et dans l’état d’esprit juste : je fais cet exercice parce qu’il est pour moi un instant d’éveil à ma véritable nature, à mon esprit, au-delà de cette personnalité pour laquelle je me prends si souvent…
L’observation
L’idée essentielle à retenir est : observez-vous, tout le temps, en tout cas le plus souvent possible ! Ensuite, le plus simple, au début sera de vous observer physiquement. Essayez, mentalement, de vous dédoubler et de placer un regard à l’extérieur de vous. Par ce regard, vous pourrez vous observer en train de marcher, de parler, de rire, de travailler, etc.
L’étape suivante sera d’observer ce qui se passe dans votre corps physique lorsqu’une émotion s’empare de vous. Par exemple, la colère : le rythme cardiaque s’accélère, les mâchoires se verrouillent avec l’envie de mordre, les poings se ferment, la chaleur envahit votre visage, etc. Ou quand vous apprenez une nouvelle qui vous attriste : la gorge se serre, la voix se bloque ou se voile, l’estomac se noue, des larmes montent, etc.
Au début, votre observation ne durera peut-être que quelques secondes, mais l’important est de commencer et de recommencer, avec acharnement, jusqu’à ce que l’observation de soi s’installe d’elle-même. Rappelez-vous que rien ne peut remplacer cette observation, qui est la connaissance directe de la personne que vous êtes, préalable à tout changement possible.
Un exercice horaire
Pour fortifier la capacité d’observation, il existe diverses formes d’exercices horaires. A chaque heure pleine, pendant une durée minimale d’un mois, on observe un aspect particulier de soi au présent, ici et maintenant. En voici un, qui propose la encore de s’observer physiquement.
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8h J’existe – Je détends les différentes parties de mon corps |
9h J’existe – Je respire consciemment |
10h J’existe – Je ressens tout ce que je touche |
11h J’existe – Je ne bavarde pas inutilement |
12h J’existe – Je ressens tout ce que je goûte |
13h J’existe – Je prends conscience des odeurs qui m’environnent |
14h J’existe – Je pratique “le visage lisse” |
15 J’existe – Je regarde ce que je vois |
16h J’existe – je porte attention à une partie de mon corps |
17 J’existe – Je me redresse |
18h J’existe –J’écoute ce que j’entends en portant attention à tous les sons |
19h J’existe – J’observe mes geste et (ou) ma posture |
20h J’existe – J’agis avec douceur |
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La détente
Un autre type d’exercices importants porte sur la détente de tout le corps. Là encore, l’observation vous permettra de prendre conscience de vos tensions et de faire en sorte de les dénouer. Certaines parties du corps sont chroniquement tendues : le ventre, le diaphragme, les mâchoires et, souvent, tout le visage…
Il est dit que la détente volontaire et consciente de la langue, lorsqu’elle est activement recherchée, contribue à détendre tout le reste du corps.
Et l’on peut se rappeler que « l’attention » (un des outils de l’observation de soi) signifie l’absence de tensions…
La non-identification
Lorsque vous avez une pensée ou une émotion négative, c’est parce que vous n’acceptez pas la réalité (une personne, une situation) telle qu’elle est. La proposition est, d’abord, de prendre conscience de votre réaction négative, puis de ne pas la manifester extérieurement, et enfin de la changer si vous le voulez. Pour cela, vous pouvez sortir de votre identification à la réalité extérieure, en vous disant, par exemple : “Cette situation ou cette personne, ce n’est pas moi. Il y a l’événement et il y a moi, mais je ne suis pas cet événement”.
La parole juste
Là encore, il existe une multitude d’exercices dont le but est de vous aider à maîtriser progressivement votre parole. En voici deux.
Pendant une heure (ou une journée !), faites l’effort de ne dire que ce qui est vraiment nécessaire. Vous verrez, à cette occasion, à quel point le bavardage inutile occupe votre temps de parole…
Pendant une journée (ou une semaine, jusqu’à ce que l’exercice se transforme et devienne une nouvelle façon de vivre), ne dites rien de négatif à propos des autres, quels qu’ils soient. Surtout pas en leur absence. Une étape ultérieure sera de ne jamais parler des autres sauf, évidemment, lorsqu’il s’agit d’informations techniques, ce qui est rarement le cas.
Stop aux considérations intérieures
Les considérations intérieures sont toutes les pensées mécaniques tournant sans cesse autour du même sujet : moi, moi et encore moi. Les autres, la vie, Dieu… ne me traitent pas comme ils le devraient, ne font pas ce à quoi j’ai droit. Par exemple, vote conjoint doit s’occuper de vous, vos enfants doivent avoir tels résultats, vos collègues de travail vous doivent le respect, etc. Lorsque les autres ne font pas ce que vous attendez d’eux, vous êtes déçus, blessés, vous vous sentez négligés, dévalorisés, etc. Pourtant, l’attitude des autres ne change rien à la personne que vous êtes réellement ! Les considérations intérieures ne servent à rien, si ce n’est à vous créer des souffrances inutiles.
L’exercice consiste à prendre conscience de vos attentes, vos exigences, vos déceptions (vous pouvez même en faire une liste). Lorsque vous en repérez une, apprenez à dire “stop” et revenez à une action constructive. A un autre moment, menez une réflexion : “[Telle personne] a le droit d’être ce qu’elle est. En quoi son opinion ou son attitude change-t-elle quelque chose à ce que je suis ?”. Avec le temps, vous verrez que la réponse est : “En rien”. Ce que les autres pensent, disent ou font peut affecter votre personnalité, mais ne change rien à votre être réel, votre essence, votre esprit.
Trois conseils pour chaque jour
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Chaque jour, apprenez une chose nouvelle et essayez de vous en souvenir.
Chaque jour, transformez ou créez quelque chose.
Chaque jour, faites un cadeau ou rendez un service à quelqu’un.
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Et pour finir voici les cinq pratiques essentielles des Ecoles de Sagesse depuis le début des temps, pratiques qui constituent les “panneaux indicateurs” du chemin vers l’éveil.
En toute circonstance,
Observez-vous le plus souvent possible
Luttez contre les considérations intérieures.
Ne vous identifiez pas.
Ne manifestez pas vos émotions négatives.
Stoppez vos rêveries et vos bavardages intérieurs.