Part. 1
Le chemin spirituel : une deuxième éducation
En guise de préambule
Le développement personnel, à l’instar des approches psychologiques classiques, aide l’être humain à mieux fonctionner dans les différents domaines de sa vie : conjugal, familial, professionnel, social, etc. Il regroupe de nombreuses pratiques permettant de compléter son savoir et son savoir-faire, de mieux gérer les situations de stress, d’améliorer les difficultés de concentration ou le manque d’estime de soi, etc. avec pour résultat un gain de liberté, d’autonomie, de puissance créatrice, de qualité relationnelle. Lorsqu’on est impliqué dans le développement personnel ou les approches psychologiques, on peut se former à d’innombrables techniques et toutes ont un intérêt. Mais si ces techniques permettent de développer des talents dans la personnalité, elles n’apportent rien d’essentiel à l’être que nous sommes : on peut faire toutes sortes d’expériences, mais l’être ne change pas.
Pour saisir encore mieux la différence entre développement personnel et spiritualité, nous devons d’abord préciser ce qui constitue la nature humaine, et notamment comprendre la différence entre la personnalité et ce que divers auteurs appellent “l’essence”, “le moi réel”, “l’être véritable”, “le Soi”, etc. Considérant que l’être humain est un esprit incarné pour le temps d’une vie dans un corps physique, nous voyons déjà deux aspects de sa nature : son esprit (capable de transcendance) et son corps physique (capable de bouger, se reproduire, veiller à sa survie). Entre les deux, au niveau médian, il dispose également d’un psychisme (capable d’avoir des pensées et des émotions). Le développement personnel s’adresse au corps et au psychisme, mais seul le chemin spirituel s’adresse à l’essence de notre être.
Le développement de la personnalité
Ainsi, dès la naissance, l’être humain dispose d’un corps physique, d’un psychisme et d’un esprit. Que se passe-t-il ensuite ? L’enfant reçoit une éducation, d’abord familiale, puis scolaire, civique, philosophique, sociale, parfois religieuse. Cette éducation lui transmet un savoir et un savoir-faire, mais aussi elle lui impose des règles, des lois, des principes auxquels il devra se conformer pour continuer à appartenir à son groupe. Au fil des années, l’enfant fait des expériences heureuses ou malheureuses et subit (la plupart du temps inconsciemment) de nombreuses influences bonnes ou mauvaises qui le conditionnent à vivre plus ou moins harmonieusement dans le milieu qui est le sien. Il intériorise, en les faisant siennes ou en les rejetant, les règles qui lui ont été inculquées. Nous sommes tous le produit de ce que le monde extérieur a mis en nous depuis vingt, quarante ou soixante ans. Et tout cela, c’est notre personnalité. Rappelons-nous que le mot vient du latin “persona” qui signifie : le masque… Notre personnalité est un masque. Elle n’est pas cet esprit qui a bien du mal à se manifester derrière les voiles, les couches, les artifices de notre personnalité.
Lorsque nous ne sommes pas en contact avec un chemin spirituel, nous ne faisons que développer notre personnalité. Bien entendu, plus notre vie est riche en expériences, mieux la personnalité est capable de s’intégrer dans son milieu familial, social, professionnel. Plus elle devient intelligente, plus elle rencontre de gens, plus elle acquiert de connaissances (donc mieux elle est éduquée), plus elle devient forte, riche, épanouie et plus elle est apte à vivre harmonieusement. C’est là le domaine d’intervention du développement personnel, qui propose aux cabossés de la vie de retrouver un peu de paix, de joie, de prospérité, etc. Pourtant, de quelque nature qu’elle soit, l’éducation (et le développement personnel en fait partie) ne rapprochera jamais personne de l’essence de son être. Il est vrai, cependant, que tout ce que la personnalité a acquis de positif deviendra une nourriture pour l’essence. A une condition : que cet homme ou cette femme s’engage sur un chemin spirituel capable de lui enseigner comment dévoiler son être véritable derrière le masque de sa personnalité.
Le chemin spirituel : une deuxième éducation
Chaque être humain reçoit une éducation qui forme sa personnalité. Mais cette éducation est exclusivement bâtie sur l’exemple, les impulsions, les pensées, les émotions et les attitudes de ses parents et éducateurs (qui ne sont pas en contact avec leur propre dimension spirituelle) et elle forme des hommes et des femmes conditionnés parce qu’elle s’impose sous une forme d’oppression. Mais elle n’a aucune action en profondeur, elle ne nourrit pas l’être véritable, l’essence spirituelle qui s’est incarnée dans un corps physique. Pour retrouver le contact avec notre essence et évoluer spirituellement, il faut une “deuxième éducation” et l’évolution spirituelle ne pouvant se faire sous la pression des conditionnements, cette deuxième éducation se fonde sur la liberté. Ceci est un point extrêmement important : l’étape de la deuxième éducation n’est pas automatique, chacun en prend librement la décision. Celui qui est satisfait de sa vie et des idées qu’il a reçues par son éducation et ses expériences, celui qui se contente d’exister simplement, n’a aucune raison de chercher autre chose ! Celui qui ne sait pas ou ne veut pas savoir qu’il porte au fond de lui une essence non plus ne se mettra pas sur un chemin de connaissance. Ces états existent et il faut les respecter, et c’est la raison pour laquelle le chemin spirituel ne s’adresse pas à tout le monde. Il s’adresse à ceux qui veulent retrouver le contact avec leur nature la plus réelle.
La première éducation est celle que tous ont reçue là où ils ont été élevés, un peu comme on éduque un animal domestique : on leur inculque un certain nombre de connaissances et d’attitudes, et eux les appliquent ou ne les appliquent pas. Il faut laisser tout cela derrière soi et commencer à cultiver des pensées, des émotions et des attitudes de nature supérieure. Tant qu’on ne l’a pas compris alors qu’on s’intéresse au spirituel et aux spiritualités, on ne peut qu’errer sur des chemins de traverse qu’on prend pour le véritable chemin.
L’être humain est dans une situation difficile et paradoxale. Toutes sortes de voiles forment sa vie et son destin : corps physique, pensées, émotions, vie familiale, relationnelle, professionnelle. Il n’est pas tout cela, mais il se prend pour tout cela ! Certains imaginent même que c’est la personnalité qui va pouvoir évoluer et s’éveiller, mais non : la personnalité ne peut qu’acquérir des choses terrestres et matérielles : physiques, corporelles, émotionnelles, intellectuelles, rien d’autre. Sa nature n’étant pas spirituelle, la personnalité ne peut rien acquérir de spirituel et ne deviendra pas spirituelle. Elle peut en donner l’image, comme chez les gens religieux qu’on croit spirituels : ils ont une personnalité religieuse, mais on ne sait pas ce qu’il en est de leur essence. Il en est de même pour tout le monde.
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Celui qui s’éveille à son esprit ne s’identifie plus à sa personnalité, il sait qu’elle n’est qu’un masque, une marionnette soumise aux conditionnements éducatifs et aux instincts animaux. Il regarde cette personnalité avec ses qualités et ses défauts, et son esprit décide librement de les utiliser dans ses relations aux personnes et aux situations.
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