Part. 1
Les hommes et les femmes réellement mûrs sont rares…
Un jour ou l’autre, sous une forme ou une autre, chacun se demande si la vie vaut la peine d’être vécue, mais la vraie question ne serait-elle pas plutôt : “Pourquoi la vie vaut-elle la peine d’être vécue ?” et seul l’être humain peut se poser cette question parce qu’il est le seul à pouvoir donner un sens à sa vie. Les autres “êtres” terrestres (minéraux, végétaux, animaux) n’ont pas cette possibilité. La question est donc : quel sens peut-on donner à sa vie ? Bien entendu, chacun peut lui donner de nombreux sens différents, des sens que l’on pourrait classer sur une échelle allant du plus superficiel au plus profond, du plus matériel au plus spirituel, sans pour autant que ce classement soit à confondre avec une échelle de valeurs : quelqu’un qui s’engagerait totalement pour sa famille, par exemple, ne serait pas nécessairement à un niveau inférieur que celui qui s’engage pour l’humanité.
Il est bon, cependant, de se rappeler que l’être humain peut avoir dans l’univers une fonction qu’il est le seul à pouvoir remplir, s’il le décide et s’en donne les moyens car ce n’est pas possible dans l’état d’incomplétude dans lequel il se trouve à l’état naturellement. Il doit apprendre comment développer harmonieusement son individualité et l’essentiel de cet apprentissage ne peut pas être appris dans des livres : il doit être guidé par un Maître ou un instructeur ayant une parfaite connaissance de ce chemin et une réelle pratique personnelle. Ce chemin d’évolution est enseigné depuis le début des temps dans des écoles, de Maître à élève, en étant adapté à l’époque, au lieu et aux personnes présentes, selon le principe de la contingence.
L’éducation se transforme en conditionnements
De même, l’éducation que nous recevons dans nos familles, nos écoles, nos sociétés ne peut pas nous enseigner cet élargissement de notre conscience ou ce dévoilement de notre nature réelle et de notre fonction véritable. En fait, nos apprentissages habituels ne nous rendent pas libres parce qu’ils nous sont imposés de force et que, en nous, ils se transforment en conditionnements. Le chemin propose aussi de dépasser ces conditionnements afin de pouvoir ensuite fortifier ou dévoiler les qualités qui nous sont propres. Alors seulement, nous sommes libérés des notions de bien et de mal que nous dicte la morale de notre époque et de notre milieu, et nous pouvons alors nous hisser librement vers une réelle maturité et entrer dans une dimension humaine et spirituelle véritable.
A son époque, Jésus de Nazareth avait suscité l’indignation de la plupart de ses contemporains. On le critiquait (entre autres) parce qu’il mangeait avec les publicains, les collecteurs d’impôts, considérés comme les collaborateurs des Romains ; on lui reprochait d’être entouré de femmes de mauvaise vie ; les pharisiens et les sadducéens trouvaient scandaleux qu’il ne respecte pas les règles du sabbat juif. D’autres encore, les zélotes, qui voulaient libérer Israël, le traitaient de traître à leur cause et même les esséniens, dont il était partiellement issu, ne comprenaient pas toujours sa volonté de tout renouveler, jusque dans les rituels.
Pourquoi les Maîtres sont-ils nécessaires ?
Lorsque nous parlons de “Maîtres”, nous faisons surtout allusion à ceux qui sont considérés comme les plus grands parmi les maîtres, qu’ils soient occidentaux ou orientaux, les maîtres issus du zen ou du soufisme comme les maîtres des grandes mystiques orientales et moyen-orientales ou de l’ésotérisme chrétien. Les voies qu’ils enseignent puisent toute à la même source de toutes les connaissances spirituelles.
Les hommes et les femmes réellement mûrs sont rares…
Un véritable Maître ne perd jamais de vue le but qu’il s’est assigné : conduire l’élève à la connaissance de soi et du monde (dans un enseignement véritable, ces connaissances sont indissociables), mais aussi le conduire vers la maturité. A notre époque, on croit être mûr à dix-huit ans et on le croit encore plus si on en a trente ou cinquante… En réalité, les hommes et les femmes réellement mûrs sont rares… Les gens continuent à porter en eux une forme ou une autre d’immaturité et même d’infantilisme, qui est la cause de la plupart de leurs tristesses, de leurs soucis, de leurs maladies aussi. Ils n’atteignent jamais l’équilibre intérieur que donne la maturité véritable. Le but du Maître est toujours de conduire l’élève à une maturité face à la vie et face à tout ce qui l’entoure, que ce soit dans le domaine familial, social ou professionnel, et il est vrai que ses méthodes peuvent sembler dures. Cependant, l’élève sérieux et persévérant dans sa recherche sait que, face à un Maître de ce type, il reçoit la chance la plus extraordinaire d’évoluer et certainement la possibilité la plus directe de dépasser toutes les illusions que donnent les voies faciles où l’on promet généralement la richesse, la santé, le bonheur… en un mot, le Paradis ! Le chemin véritable est abrupt, étroit et rocailleux et tous les autres sont des illusions.
Le chemin véritable est abrupt, étroit et rocailleux et tous les autres sont des illusions.
CRITÈRES DE LA MATURITÉ ÉMOTIONNELLE
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- Bien fonctionner malgré les difficultés : assumer sa vie, apprendre à penser etressentir par soi-même, sans dépendance.
- Etre capable de changer, d’évoluer.
- Aimer les choses et les autres.
- Entrer en relation avec les autres, avec comme résultat une satisfaction réciproque.
- Transformer son agressivité en énergie constructive ou créative.
- Trouver plus satisfaisant de donner que de prendre.
- Etre libre des symptômes liés à la tension ou à l’anxiété.Les critères de la maturité émotionnelle, tout comme les critères de la maturité spirituelle, caractérisent un niveau d’être. Ils sont aussi un chemin pour aller beaucoup plus loin, jusqu’à l’éveil.
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L’amour et la compassion véritable
Vous aurez certainement compris maintenant qu’un Maître véritable n’est pas facile à fréquenter. Et plus on l’approche, plus les difficultés augmentent ! Mais, en même temps, malgré ces difficultés, ceux qui le fréquentent de près savent que tout ce qu’il fait, dans n’importe quel domaine, a toujours pour but de permettre une réalisation dépassant le domaine de la matière ; il porte toujours en lui l’Amour, ce mot galvaudé, quelles que soient les situations ; il a la compassion véritable qui permet de ressentir ce qui vit en l’autre. Posséder la compassion (la “passion” avec), c’est souffrir quand l’autre souffre. Les Maîtres portent nécessairement le poids de la souffrance de tous ceux qu’ils rencontrent ; ils ne peuvent jamais être heureux, contrairement à l’image toute faite qu’on a des saints et des sages comme des êtres imperturbables, d’une sérénité supra-cosmique. En réalité, tant qu’un être humain est malheureux sur terre, c’est leur tristesse, leur malheur. C’est même la raison de leur incarnation : alors qu’ils sont généralement sortis de la nécessité karmique de l’incarnation terrestre, ils reviennent pour porter la souffrance du moindre humain qui souffre.
Les Maîtres sont dangereux parce qu’ils remettent en question les fausses vérités, ils détruisent les fausses certitudes.
Impossible à appréhender par une conscience ordinaire
Pour les églises organisées, comme pour les scientifiques bornés ou les intellectuels ergoteurs, ces Maîtres sont dangereux parce qu’ils remettent en question les fausses vérités, ils détruisent les fausses certitudes. De plus, ils ne correspondent pas à l’image d’Epinal que chacun veut se faire du sage ou du saint. Ils ne correspondent jamais au moule préfabriqué dans lequel même leurs élèves voudraient les faire entrer, à savoir, notamment : ils doivent toujours dire ce qui nous arrange, être parfaits, célibataires, ne pas avoir de sexualité, ne pas boire d’alcool, ne pas trop manger, ne pas être gourmands, ni capricieux, ne pas changer d’avis ; ils doivent s’en tenir à ce qu’ils annoncent, toujours être en train de méditer, toujours paisibles et souriants…
Avec une capacité de percevoir limitée, on veut définir quelqu’un qui, en réalité, appartient à un autre monde, un autre niveau de conscience. Ceci est impossible et il est absolument essentiel de le comprendre. Notre époque pense que tout le monde est capable d’acquérir n’importe quel savoir par la lecture ou l’étude, sans réaliser qu’on ne peut acquérir certains savoirs qu’à condition de s’élever à un autre niveau de conscience. Avec sa conscience ordinaire, même l’homme le plus génial ne pourra pas comprendre ce qui appartient à un niveau de conscience supérieur. La logique inférieure ne peut pas comprendre la logique supérieure, il y a un abîme entre les deux.